Accord de paix RDC-Rwanda : quel avenir pour Joseph Kabila ?
Kinshasa, 19 juin 2025 – Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda s’apprêtent à finaliser un accord de paix sous médiation américaine, les récents développements dans l’est du pays et le retour de l’ancien président Joseph Kabila sur la scène politique soulèvent des questions sur son rôle dans ce processus et son avenir politique.
Cet accord, paraphé le 18 juin à Washington et dont la signature officielle est prévue le 27 juin prochain, vise à mettre fin à un conflit dévastateur marqué par l’offensive du M23, soutenu par Kigali, et à ouvrir la voie à une coopération économique régionale. Mais dans ce contexte, quelle place reste-t-il pour le président honoraire de la RDC, Joseph Kabila, figure controversée et influente ?

Un accord de paix sous haute tension
Le 25 avril 2025, les ministres des Affaires étrangères congolais, Thérèse Kayikwamba Wagner, et rwandais, Olivier Nduhungirehe, ont signé une « déclaration de principes » à Washington, engageant leurs pays à élaborer un projet d’accord de paix d’ici le 2 mai. Ce texte, soutenu par les États-Unis et le Qatar, prévoit le respect de l’intégrité territoriale, l’arrêt des hostilités, le désengagement des groupes armés, et une coopération économique axée sur les minerais stratégiques comme le cobalt et le lithium. Après des mois de négociations, un brouillon a été paraphé le 18 juin, avec une signature formelle attendue en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio. Les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame pourraient sceller cet accord en juillet, marquant une étape diplomatique majeure.
Cependant, des obstacles persistent. Le Rwanda conditionne l’accord à la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), tandis que Kinshasa exige le retrait total des troupes rwandaises et l’arrêt du soutien au M23. Le 14 juin, Nduhungirehe a tempéré les attentes, déclarant qu’aucun accord ne serait signé à court terme, reflétant la méfiance entre les deux capitales. Malgré ces avancées, les violations répétées des cessez-le-feu et l’occupation de Goma et Bukavu par le M23 depuis janvier et février 2025 fragilisent les espoirs de paix durable.
Le retour de Joseph Kabila : une menace ou une opportunité ?
Au cœur de ces tensions, l’ancien président Joseph Kabila (2001-2019) a effectué un retour spectaculaire. Le 24 mai, dans une allocution de 45 minutes diffusée sur YouTube, il a dénoncé la « dictature » de Félix Tshisekedi et annoncé son retour à Goma, ville sous contrôle du M23. Confirmée le 26 mai par des responsables de l’Alliance Fleuve Congo/M23, dont Corneille Nangaa, cette présence a suscité l’ire de Kinshasa. Kabila, qui justifie son retour par un appel à la paix et un dialogue intercongolais, s’est affiché aux côtés du M23, accusé par Tshisekedi de collusion avec Kigali.
Ce positionnement place Kabila dans une situation délicate. D’un côté, il cherche à capitaliser sur le mécontentement face à la gestion de la crise par Tshisekedi, prônant un changement de gouvernance et un dialogue inclusif soutenu par les Églises catholique et protestante. De l’autre, son association avec le M23, perçu comme un instrument rwandais, alimente les accusations de trahison. Kinshasa a réagi avec fermeté : l’immunité parlementaire de Kabila a été levée, son parti, le PPRD, suspendu, et plusieurs de ses proches, dont des officiers militaires, sont poursuivis ou emprisonnés.
Les défis politiques et judiciaires de Kabila
L’avenir de Kabila semble incertain dans ce contexte de polarisation. Son retour à Goma, loin de renforcer sa stature, l’a isolé de certains alliés potentiels. Martin Fayulu, opposant historique, a pris ses distances, le considérant désormais aligné avec le M23 et le Rwanda. Moïse Katumbi, autre figure de l’opposition, est embarrassé par l’association de Kabila avec la rébellion, craignant d’être éclaboussé par cette alliance controversée. La levée de son immunité ouvre également la voie à des poursuites judiciaires, notamment pour des soupçons de corruption ou de complicité avec des groupes armés, bien que ces accusations restent pour l’heure politiquement motivées.
Dans le cadre de l’accord de paix, Kabila pourrait tenter de se positionner comme médiateur ou acteur incontournable d’un dialogue national. Cependant, son influence réelle reste limitée face à la détermination de Tshisekedi à lui faire payer sa prétendue implication au sein de l’AFC en complicité avec Kigali. Les États-Unis, principaux artisans de l’accord, n’ont pas commenté publiquement le rôle de Kabila, mais leur priorité reste la stabilisation économique et sécuritaire, sans nécessairement inclure des figures controversées comme l’ancien président.
Perspectives pour la RDC et la région
L’accord de paix, s’il est signé et respecté, pourrait redessiner les dynamiques régionales, avec des investissements américains dans les minerais congolais et une coopération accrue entre Kinshasa et Kigali. Mais pour Joseph Kabila, l’avenir s’annonce complexe. Son retour, s’il visait à bousculer Tshisekedi, a surtout renforcé la répression contre son camp. Sans un soutien populaire massif ou des alliances solides, Kabila risque de s’enfermer dans une opposition marginale, voire de devoir quitter la région, comme suggéré par certains observateurs congolais.
Alors que la RDC navigue entre espoirs de paix et tensions internes, le sort de Kabila illustre les défis d’une transition politique dans un pays miné par les conflits et les rivalités. L’accord de paix, s’il aboutit, pourrait apaiser l’est du pays, mais la question de la gouvernance et de la réconciliation nationale reste entière, avec ou sans Kabila
✍️MINGAMEDIA.NET
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