RDC : Voici en 31 points, l’intégralité du rapport de l’IGF sur le contrat chinois

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CONTEXTE :

‘Dans un rapport intitulé  »CONCLUSIONS DE L’INSPECTION GENERALE DES FINANCES
SUR LA CONVENTION DE COLLABORATION D’AVRIL 2008
ENTRE LA RDC ET LE GROUPEMENT D’ENTREPRISES
CHINOISES (CONTRAT CHINOIS) », l’Inspection générale des finances a peint un tableau sombre du contrat qui la RDC au gouvernement chinois depuis plusieurs années dans le secteur minier.

Ci-dessous, l’intégralité dudit rapport.

1Constitution de SICOMINES en 2008 en violation de l’article 1er de l’Arrêté
Royal du 22 juin 1926
Le capital social non proportionné à l’objet de la société et non indication des
gisements miniers comme apport de la partie congolaise. USD 100.000.000,00 fixés
par le GEC étaient très insuffisants et donc disproportionnés à l’objet social. Le point
6°, e) de cet article 1er précise en outre que le statut doit indiquer la désignation
précise des associés qui doivent fournir des valeurs avec l’indication des obligations
de chacun. Il ajoute que ‘’lorsque l’apport n’est pas effectué en numéraire, il doit
être spécifié et les conditions auxquelles il est fait doivent être indiquées.’’. On devait
donc indiquer que la GECAMINES S.A fait un apport en nature des gisements
miniers et les évaluer.
2Aucune évaluation des gisements miniers apportés par la GECAMINES S.A n’a
été faite et donc, défaut d’intégration de la valeur dans le capital social :
alors que sa consistance minimale était connue et reprise en annexe A de la
Convention du 22 avril 2008 et annexe B de la convention de Joint-Venture de la
même date : 10.616.070 t/cu et 629.619 t/co valant USD 90.936.120.000, aux cours
du jour de la conclusion de la convention.
On n’a pas intégré cette valeur dans le capital social au titre d’apport en nature du
Groupe Gécamines. Comme c’est trop important, on aurait dû négocier et attribuer
une quotité du capital social qui représente effectivement l’importance de son apport.
3Caractère arbitraire, discriminatoire et illégal de la fixation ainsi que de la
répartition du capital social à USD 100.000.000,00 à raison de 68% des parts pour
le GEC et 32% pour le Groupe Gécamines.
On a fixé ce capital à USD 100.000.000,00 (alors que SICOMINES détenait des
actifs de USD 90.936.120.000,00) et on a décidé que les entreprises chinoises
auraient 68% des parts contre 32 pour la partie congolaise. Les chinois apportaient
USD 68 millions et prêtaient à la GECAMINES S.A USD 32 millions qu’elle a, du
reste, remboursés avec intérêts de USD 10.979.566,00 par des retenues sur ses
dividendes.
L’article 2 de la loi n° 77/027 précise que les personnes physiques ou morales
étrangères ne peuvent pas détenir plus de 60% du capital social.
4Important déséquilibre financier au détriment de la RDC entre les avantages
octroyés à la partie chinoise et les engagements à sa charge ainsi que les gains
attendus par la partie congolaise :
USD 90.936.120.000,00 aux chinois contre des engagements à leur charge de USD
6.2 milliards, soit un gain pour les chinois de USD 84.736.120.000,00 auquel
devront s’ajouter les exonérations fiscales et douanières estimées provisoirement aux
taux les plus faibles à USD 2.163.623.850,15.
Même en déterminant la valeur actuelle nette (VAN) sur base des éléments retenus
dans l’Etude de Faisabilité de 2021, la VAN est de USD 76.573.723.516,28 qui
constituent le gain en faveur de la partie chinoise parce que la VAN implique la
déduction des CAPEX et OPEX du chiffre d’affaires.
USD 76 milliards de gain pour la partie chinoise contre 3 milliards d’infrastructures
pour la RDC.
5Faiblesse criante et modicité des investissements des infrastructures :
SICOMINES a mobilisé, en 14 ans, des financements d’un montant total de USD
4.471.588.685,14 et n’a consacré que USD 822.190.060,14 pour le financement des
travaux d’infrastructures, soit 18,38% du financement total mobilisé.
6Paradoxalement Importance des décaissements effectués en faveur des
entreprises chinoises en six ans :
En six ans, soit de 2016 à octobre 2022, SICOMINES a décaissé, à partir d’un de ses
comptes à l’étranger, en l’occurrence le compte principal n° 100001700001077 logé
dans les livres de BANK OF CHINA DUBAI BRANCH, un montant total de USD
9.677.613.625,15 en faveur des entreprises chinoises et d’elle-même pour diverses
raisons non étayées. Cas illustratifs de ‘’sales return’’ pour USD 1.564.280.538,68,
« contract payment » pour USD 1.506.989.864,14 et des autres opérations de débit
sans indication du motif pour USD 3 827.943.282,32.
7Manque de visibilité et d’impact des travaux exécutés et leur sélectivité
injustifiée en violation de l’annexe C de la Convention du 22 avril 2008.
Travaux éligibles exécutés : USD 534 902 461,66
Travaux non éligibles exécutés : USD 287 287 598,42
La programmation desdits travaux n’a pas obéi à des exigences précises, comme la
connectivité des villes, le désenclavement, la fluidité du trafic des personnes et de
leurs biens, l’ouverture des localités de production aux grands centres de
consommation, l’impact immédiat sur la vie des populations, etc. et donc ces travaux
sont restés, pour la quasi-totalité, sans impact visible pour les populations. Cette
programmation a donc totalement oublié le secteur de chemin de fer, les aéroports à
réhabiliter (Goma et Bukavu), les hôpitaux (31) à construire, les deux barrages
hydroélectriques à construire (Kakobola et Katende), les réseaux de distribution
électrique à réhabiliter (Kinshasa et Lubumbashi), les centres de formation aux
métiers ITP à construire et à réhabiliter, les 5000 logements sociaux à construire, les
145 centres de santé à construire et deux universités à construire, Certains de ces
projets sont aujourd’hui financés par la République dans le cadre du projet PDL-145
Territoires.

8Endettement injustifié de SICOMINES, en lieu et place d’un apport des fonds
par le Groupement des Entreprises Chinoises
Aux termes de la convention de collaboration et de la convention de Joint-Venture,
il revenait au GEC de mobiliser les ressources pour le financement des
investissements miniers et d’infrastructures (pour USD 6,2 milliards) ressources
dont le remboursement devait être assuré par la SICOMINES. Au lieu de cela, c’est
la Joint-Venture SICOMINES qui s’est endettée, à hauteur de USD
3.341.948.821,85 pour financer et les investissements miniers et les infrastructures.
Mais en même temps, elle s’est payée à elle-même, de 2016 à octobre 2022, USD
5.464.880.564,06 sur son compte principal de DUBAI au profit d’un ou d’autres
comptes non encore identifiés.
9Défaut de production des preuves de libération de CDF 25.000.000.000,00
(50%) du capital lors de la constitution de SICOMINES en septembre 2008 et
de 50% autres après l’approbation de l’étude de faisabilité.
10Ambiguïté et confusion concernant le prêt de USD 32.000.000 :
Prêt accordé au groupe GECAMINES S.A pour la libération de ses parts dans le
capital social de SICOMINES.
Le contrat de prêt affirme tantôt que ces USD 32 millions ont été versés à la
Gécamines (point G du préambule) tantôt à la SICOMINES (article 4.1 du contrat
du prêt).
Dans les éléments mis à la disposition de la Mission de l’IGF, la GECAMINES S.A
n’a fourni aucune pièce attestant qu’elle a encaissé ces fonds. Et, de son côté,
SICOMINES n’a remis aucun document bancaire attestant qu’au 1er avril 2009, son
compte a été crédité de USD 32.000.000,00.
11Confusion entretenue entre le GEC et SICOMINES :
Confusion due au refus ou à l’omission du GEC de se constituer en association
momentanée ou en GIE :
Le GEC ne s’est pas constitué en Association momentanée (articles 2 et 67 bis de
l’O-L n° 10/001 du 20/08/2010 telle que modifiée et complétée à ce jour) ni en
Groupement d’Intérêt Economique du droit OHADA (article 869 de l’AUSCGIE) et
que donc il n’a aucune existence juridique et physique. Aussi, sur le terrain, le GEC
semble se confondre avec SICOMINES et ce, à bien d’égards, faisant supporter à
cette dernière la prise en charge de l’exécution de ses obligations contractuelles et
notamment financières, prises bien avant que cette dernière ne soit créée. C’est
notamment les cas de Pas de Porte de USD 350.000.000,00 qu’il devait payer à la
partie congolaise (article 5.1) mais que SICOMINES a payé en trois tranches. Cas
aussi du prêt d’USD 50.000.000,00 sollicités par la GECAMINES S.A à la signature
de la Convention auprès du GEC (article 5.2) mais payée finalement par
SICOMINES. C’est aussi le cas du projet de la Centrale Hydroélectrique de
BUSANGA qui a été financée à 100% par SICOMINES mais que les Investisseurs
chinois (CHINA RAILWAY GROUP LIMITED « CREC » et POWER
CONSTRUCTION CORPORATION OF CHINA) considèrent que ce sont eux qui
ont investi via la SICOMINES.
12Positionnement malheureux de SICOMINES comme « Emprunteuse » des
investissements du projet d’infrastructures :
Le positionnement de la SICOMINES comme emprunteuse des investissements
devant assurer le financement des infrastructures aussi bien par l’article 10.1 de la
Convention que par l’Assemblée Générale Ordinaire du 19/05/2009, vient confirmer
en fait et en droit la non-exécution de l’engagement d’un apport financier du GEC
tel que prévu dans la convention de collaboration.
Ce positionnement malheureux de SICOMINES comme Emprunteuse viole
gravement les dispositions suivantes : (1) article 10.1 qui dit la Joint-Venture sera
chargée du remboursement des investissements miniers et d’infrastructure, (2) article
10.2 qui dispose que le remboursement du financement des travaux d’infrastructure
sera effectué par la Joint-Venture ; (3) 9.3 qui précise que le GEC mobilisera et
mettra en place le financement pour réaliser des travaux d’infrastructures les plus
urgents. Ledit financement sera remboursé par la Joint-Venture Minière ;
13Défaut de rapatriement des recettes d’exportation et amendes de 5% dues par
SICOMINES :
Suite à une interprétation erronée des stipulations conventionnelles consacrant la
liberté de transfert des fonds, SICOMINES n’a pas procédé au rapatriement des
recettes d’exportation d’un total de USD 2.004.167.489,24 sur la période allant de
2016 à octobre 2022. Elle doit à ce titre des amendes de 5%, soit USD
100.280.374,46
14Recours quasi systématique injustifié au préfinancement des exportations et
violation de la Règlementation du change en RDC et du Règlement Minier :
Le montant des préfinancements s’élève à USD 1.771.048.731.89 (de mars 2018 à
octobre 2022) et violation de la Règlementation du change en RDC et du Règlement
Minier
L’exploitation des Rapports mensuels du Compte principal de SICOMINES transmis
à la Banque Centrale du Congo et à la Direction des Mines, a permis de relever que
de mars 2018 à octobre 2022, SICOMINES a bénéficié des préfinancements de ses
exportations des minerais versés sur son compte principal à l’étranger à hauteur de
USD 1.771.408.731, 89.
Cette pratique est régie par l’article 39 de la Réglementation du change en RDC. Il
s’agit, en réalité, d’un prêt que l’acheteur consent à l’exportateur, qui est assorti des
intérêts. Son remboursement est réalisé par l’exportation des marchandises de valeur
équivalente et son montant doit en principe être reçu par la banque agréée
intervenante sur base d’une déclaration modèle « Revenus des Capitaux ». La
Mission a demandé en vain les copies des RC et des contrats y relatifs. Elle n’a rien
reçu. Tout porte à croire que SICOMINES n’a pas respecté les prescrits des articles
39 à 40 de la Règlementation du change en RDC.
Le recours à cette technique permet de contourner la procédure d’obtention des prêts
par une société minière qui veut que la convention de prêt signée par une société
minière soit analysée et validée par une commission composée notamment de la
Direction des Mines, la DGI, la BCC (cfr art 543,544 et 545 du règlement minier).
Cette procédure n’a pas été suivie dans le cas d’espèce

15Existence de plusieurs opérations signalées dans le Rapport mensuel envoyé à
la BCC et à la Direction des Mines comme ayant été débité du compte principal
Il s’agit notamment de :
858,548 millions USD au titre de paiement des fournisseurs divers ;
1,220 milliards USD pour les services de la dette ;
760,124 millions USD relatifs aux autres transferts à l’international et
1,773 milliards USD pour les autres mouvements débiteurs et dépôt à terme (DAT).
Justifications non produites à ce jour.
16Non-respect de la quantité minimale de production prévue Ce qui entraine des
conséquences évidentes sur la durée du remboursement
La SICOMINES n’a pas encore pu atteindre la production projetée d’au moins
200.000 tonnes de cuivre en 2016 et 400.000 tonnes de cuivre en 2019 et, ce, malgré
l’importance des investissements consentis ou encore l’empiètement des gisements
de la GECAMINES S.A.
Ceci a aussi des conséquences sur sa capacité à rembourser les investissements dans
les meilleurs délais afin d’éviter à la RDC de devoir subir un contentieux
17Empiètement des gisements de la GECAMINES S.A par les installations de
SICOMINES (un gisement à fort potentiel)
La GECAMINES S.A affirme, images satellites à l’appui, que les installations,
bureaux et logements de SICOMINES sont érigés sur la cible la plus importante des
gites probables et possibles pouvant faire l’objet d’une importante réserve
additionnelle, à l’issue d’une campagne d’exploration géologique et de certification
des ressources minérales. Il s’agit de SYNCLINAL DE LA COLLINE D avec un
potentiel attendu de 1,3 millions de t/Cu et l’entreposage des remblais issus de
l’exploitation du gisement de DIKULUWE et des écailles de KAMIROMBE sur le
PE 9682 issu du PE 8841
18Paiement irrégulier et injustifié de 4,8% des montants des travaux au titre de
« Somme à valoir » :
Pour tous les travaux signalés par l’Agence Congolaise des Grands Travaux
(ACGT), ces frais s’élèvent à USD 37.256.434,59.
La légalité d’un tel prélèvement et la destination donnée aux fonds ainsi collectés
posent problème. C’est donc vraisemblablement un moyen de se rémunérer
autrement.
19Paiement injustifié de la taxe VOIRIE/CONCENTRES à la Province de
Lualaba :
Paiements totalisant USD 7.700.000,00 en faveur de la Province du Lualaba sans
base juridique connue :
20Inscription au bilan du Pas de Porte de USD 350.000.000,00 et application des
amortissements de USD 59.610.144 au 31/12/2021.
Impact sur les résultats d’exploitation. Situation décriée par le commissaire aux
comptes de SICOMINES et la GECAMINES S.A.

21Paiement de USD 51.000.000,00 à PACIFIC TRINITY sans production du
contrat y relatif et sans les preuves du désintéressement pécuniaire des populations
délocalisées du site de SICOMINES
22Dumping commercial pratiqué et Manipulations des prix de transfert :
USD 7.379.469.533,52. SICOMINES ne vend sa production qu’exclusivement aux
entreprises du GEC à des prix arrangés et, nul ne sait à quelle autre condition,
Un rapprochement de ses ventes aux cours LME de la période fait ressortir un
manque à gagner au détriment de SICOMINES de USD 7.379.469.533,52. Ce qui
représente quasiment 50,37% du chiffre d’affaires qu’elle aurait réalisé si elle avait
vendu aux cours internationaux. Donc, elle vend à moitié-prix suite aux
manipulations de ses prix de transfert en violation du principe de pleine concurrence.
23Impôt mobilier non déclaré et non reversé à payer : USD 5.424.698,36
Exercices 2016 et 2017 et défaut de déclaration pour l’Impôt mobilier de l’exercice
2018.
24Financement de tout l’investissement de construction de la Centrale
hydroélectrique de BUSANGA par SICOMINES
Financement intervenu en violation de la convention de collaboration et de la
convention de Joint-Venture : USD 596.066.577,28.
25Libération totale du capital social de SYCOHYDRO par SICOMINES
Libération faite en violation de la convention de collaboration et de la convention de
Joint-Venture : USD 5.000.000,00.
Décision de la majorité.
26Imbroglio entretenu dans les périodes de remboursement des investissements
Cet imbroglio a servi à la réduction du montant des investissements des
infrastructures de USD 6,5 milliards à USD 3,0 milliards.
L’article 12 de la Convention a prévu que pendant la deuxième période, le total du
remboursement ne devait pas dépasser USD 3 milliards en principal. C’est curieux.
On a vraisemblablement voulu retarder le remboursement et donc l’apurement de la
dette de la RDC vis-à-vis des investisseurs chinois ;
A la période commerciale où la totalité des bénéfices est distribuée aux actionnaires
et où la deuxième tranche des travaux d’infrastructure et leurs intérêts seront financés
par toutes les contributions fiscales et douanières auxquelles la RDC a droit. Les
investisseurs chinois se sont donc soustraits de l’obligation de financement des
travaux d’infrastructure, fussent-ils qualifiés de ‘’deuxième tranche’’. Mais pourquoi
ont-ils prévu dans ce cas qu’il y ait des intérêts, les contributions fiscales et
douanières auxquelles la RDC a droit n’étant pas productrices d’intérêts ?
Cet article parle du remboursement des investissements du GEC. Or, il n’y en a pas eu
27Caractère contestable, complaisant et dépassé des conclusions de l’Etude de
faisabilité de CHINA ENFI
La GECAMINES S.A a contesté notamment le montant de l’investissement minier
qu’elle juge excessif et la minoration des réserves.
En 2021, SICOMINES a encore introduit une autre étude de faisabilité pour le
renouvellement de ses Permis d’Exploitation. On y constate aussi notamment une réduction des réserves à 4.747.141,90 tonnes de cuivre et 94.982,97 tonnes de cobalt.
Les résultats de prospection n’ont pas été produits.

28D’importantes importations des biens en exonération totale sans évidence dans
les états financiers.
Les importations de SICOMINES faites en exonération totale des droits et taxes dus
depuis 2009 à fin octobre 2022, se chiffrent à un CIF de CDF 3.413.815.915.004,00
et à un FOB en USD de USD 2.275.848.597,00 pour 1.030.005,93 tonnes des biens
importés. Sans évidences dans les états financiers, SICOMINES n’ayant pas produit
les balances définitives des comptes ni le grand livre.
29Rejet systématique en Conseil d’Administration et en Assemblée Générale, des
positions et avis des Actionnaires du Groupe GECAMINES S.A. Abus de
majorité tel que prévu par l’article 130 de l’AUSCGIE
Il a été constaté à la lecture des procès-verbaux du Conseil d’Administration et de
l’Assemblée Générale de SICOMINES, que les avis et positions des représentants
du Groupe GECAMINES S.A sont toujours systématiquement rejetés.
C’est le cas du procès-verbal de la réunion extraordinaire du 19/01/2010 au cours de
laquelle le Conseil d’Administration a pris connaissance de la lettre n° 721/ADG/09
du 31/12/2009 par laquelle la GECAMINES S.A a notamment communiqué sa
position sur l’Etude de faisabilité du projet minier en relevant ce qu’elle l’approuvera
moyennant (1) la poursuite de la prospection et des travaux de sondage en vue
d’améliorer le niveau des réserves, (2) la réduction du coût des investissements
miniers, (3) l’adoption d’une technologie appropriée pour le traitement des minerais
oxydés et sulfurés conformément aux recommandations issues des échanges entre
les experts de GECAMINES S.A et ceux de ENFI et (4) l’adoption d’un plan
d’exhaure optimisé. La GECAMINES S.A estimait, en effet, que les réserves reprises
dans l’Etude de faisabilité étaient minorées. En réaction, le Conseil d’Administration
avait accepté certaines propositions de la Gécamines comme la poursuite de la
prospection et des travaux de sondage en vue d’améliorer le niveau des réserves, la
réduction du coût des investissements miniers, l’adoption d’une technologie
appropriée pour le traitement des minerais oxydés et sulfurés et l’adoption d’un plan
d’exhaure optimisé. Mais il n’avait rien dit sur l’Etude de faisabilité. A l’Assemblée
Générale Ordinaire convoquée le même jour, suivant le procès-verbal de
l’Assemblée Générale Ordinaire de la même date, l’Etude de Faisabilité a été
approuvée mais rien n’a été dit sur les préoccupations pourtant très pertinentes de la
Gécamines. Ceci donne l’impression que seuls les intérêts de la partie chinoise
priment dans les décisions qui sont prises au niveau de ces deux organes.
Ceci ressort aussi du cas de cet autre procès-verbal du Conseil d’Administration du
09/01/2018. Lors de cette réunion, les Administrateurs du Groupe GECAMINES
S.A ont informé le Conseil qu’ils venaient de mener une réflexion devant aboutir au
rééquilibrage des partenariats rénovant pour le futur en ce qui concerne notamment
(1) la valorisation des gisements apportés par GECAMINES S.A qui n’est pas faite
et dont les chiffres ne se retrouvent pas dans les états financiers, et (2) la révision
suite à cette valorisation, de l’actionnariat de la Gécamines qui ne doit plus être
inférieur à 49%, à défaut d’être simplement majoritaire.
En réaction, les Administrateurs représentant le GEC ont simplement rappelé que
ces deux suggestions de la Gécamines ne s’appliqueront que pour les JV futures de
Gécamines et que, pour le moment, la Convention de collaboration et celle de JUV
du 22/04/2008 ainsi que les statuts demeurent la seule base ? Et pour mettre fin à
cette situation, il demanda aux actionnaires de la Gécamines d’officialiser cette
communication par une lettre à adresser à SICOMINES.
La Mission estime que les Administrateurs de la partie chinoise ont simplement usé
de leur majorité car juridiquement et techniquement leur position est infondée.
En effet, les statuts d’une société commerciale étant un contrat, ils peuvent être
modifiés par l’Assemblée Générale Extraordinaire dans les conditions qu’ils fixent.
Donc ils ne sont pas figés. En plus, même le Capital social peut changer au travers
des opérations d’augmentation ou de réduction du capital. Ce n’est pas, non plus, un
élément figé. Le droit OHADA prévoit même le cas de l’augmentation du capital
d’une Société Anonyme par des apports en nature.
Et d’ailleurs, avec le nouvel article 182, al. 4 du Code minier, la Mission pense que
les Joint-Ventures minières devraient procéder à la révision du capital social. Ainsi,
la Mission demande des justifications quant à cette position quasi outrageante des
Administrateurs de la partie chinoise.

30Extension injustifiée à SYCOHYDRO des avantages reconnus à SICOMINES
du fait de la convention
SICOHYDRO jouit exactement des mêmes avantages que SICOMINES en termes
d’exonération fiscale, douanière et parafiscale au motif qu’elle serait un engagement
de la RDC. Ce qui n’est pas correct car la RDC n’a pas pris un tel engagement.
31Inexécution par le GEC de ses engagements contractuels
C’est SICOMINES qui a tout financé jusqu’à ce jour grâce aux emprunts contractés
auprès des banques chinoises.
D’où nécessité pour la RDC d’opposer au GEC, l’« Exceptio non adimpleti
contractus » (l’exception de la non-exécution du contrat).

Source : Inspection générale des finances

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